Sous des rythmes langoureux, Andreel sort avec L’Étrangère, un sixième album de très belle facture. Où il n’hésite pas à défendre la cause des femmes.
L’Étrangère a été inspiré à Andreel par le film éponyme de Feo Aladag qui racontait le destin d’une femme fuyant Istanbul avec son fils pour échapper à un mari violent et rejoindre sa famille en Allemagne. Marqué par ce film, l’artiste a proposé à l’actrice Sibel Kekilli (vue dans Game of Throne)d’enregistrer ce texte en duo.
Plus loin, dans les vers ironiques de J’en ai assez, il évoque encore les cris de la voisine « qui crie tous les soirs quand son mari la bat. » avant de lancer : « Prouvez-moi messieurs/ Que vous n’êtes pas comme eux ! ». Ou alors, jouant sur les sons et les images, il se glisse dans la peau d’une femme pour dire combien la générosité maternelle n’a pas de prix dans ces sociétés de l’indifférence, même si le combat pour la dignité et le respect est une lutte quotidienne , jamais gagnée(Tu as de l’amour).
Une autre actrice figure au générique de cette Étrangère- Lolita Chammah (qui avait déjà œuvré avec Benjamin Biolay en 2014 au générique de Gaby Baby Doll – sur Un moment excellent, une douce chanson d’amour, délicatement sensuelle.
En jouant toujours sur l’ironie, Andreel se moque de l’air du temps comme dans Danse où il met dans le même sac les marchands de sommeil que des avocats d’affaires. « Demain, il faudra/ Bien sonner le glas/De la pauvreté et de l’argent roi » dit-il sans élever le rythme avant d’appeler les « lutteurs de tout pays » à mener le bal.
Si « la terre n’a pas séché (son) cœur » (Écris-moi), Andreel signe avec ses mots chantés un hymne à une certaine humanité. Avec, au détour d’une belle valse, le salut à tous les artistes qui, tel ce magicien, « t’a montré un bout de lune » (As-tu donné ?). Ou un salut à la communauté des poètes qu quotidien qui officient au coin des rues.
Musicalement, Andreel a voulu des musiciens en chair et en os pour habiller de mélodies douces ses chansons. Ainsi Patrick Fournier, hier accompagnateur de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem, donne de l’accordéon sur deux chansons, notamment la très belle Par quel hasard quand Daniel Zimmermam signe un solo inspiré de trombone sur J’en ai assez. Il y a aussi la présence à la contrebasse d’Hervé Verdier qui apporte à l’opus son ossature rythmique et qui est décédé quelques mois après l’enregistrement d’un album qui lui est dédié;
Pour autant, Andreel n’oublie pas pour autant sa passion pour les mélodies brésiliennes – découvertes au début des années 2000 avec des artistes comme Chico Buarque et Caetano Veloso- et qui inspirent bien de ses nouvelles chansons. Et les interventions de guitaristes comme Lameck Macaba et Abdoulaye Traore apportent une douceur toute tropicale à l’univers coloré de Andreel.
Un voyage musical chaloupé qui dit des choses profondes sans jamais enfoncer le clou.
(*)Station Anvers
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