Les chants de « L’Affiche rouge »

Sur un arrangement sublime dans l’épure de Jean-Michel Defaye, Léo Ferré avait mis en musique, en 1961, le poème de Louis Aragon, dédié aux fusillés de l’équipe de résistants étrangers dirigée par Missak Manouchian. Depuis la sortie de cette poésie chantée, bien des artistes ont posé leur voix sur ce cantique laïque. En ce jour où le résistant et son épouse Mélina entrent au Panthéon, voilà une sélection sans frontières.

Inspiré de la lettre de Missak à Mélinée Manouchian, quelques heures avant d’être fusillé au Mont Valérien à Paris, le poème Strophes pour se souvenir, composé par Louis Aragon en 1955 en hommage aux immigrés résistants FTP-MOI, a rencontré le public par la voix de Léo Ferré qui opta pour le titre de L’Affiche Rouge. Étrange destinée d’une affiche de propagande devenue par la grâce d’un poème et d’une mise en musique symbole de la résistance des immigrés et de la Résistance tout court.

À l’heure où des voix veulent de nouveau montrer du doigt ces étrangers qui sont en France ou tentent de s’y installer, où certains défendent la « préférence » nationale, il est bon de se souvenir. Bien des artistes, pas toujours français, ont repris la chanson de Ferré. Petit tour d’horizon.

HK et les Déserteurs

Feu ! Chatterton

Ariane Ascaride

Bernard Lavilliers

Catherine Sauvage

Jacques Fusina et Jacky Micaelli

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Et de 1 000 !

Ce blog dédié à la chanson et à la musique vient de passer le cap des 1 000 articles publiés. Autant le célébrer en chansons en quelques thèmes.

Révolte

Moustaki : Et pourtant dans le monde

Résister

Lavilliers : Vivre encore

Paix

BarbaraGöttingen

Carte du tendre

Léo Ferré : C’est extra

Maxime Le ForestierJe veux quitter ce monde heureux

Destin

Sanson : Ma révérence

Racines

Cesaria Evora : Petit pays

Solidarité

Manu Chao : Merry Blues

Sans frontières

Quilapayun : El pueblo unido

Poésie

Trenet : L’Âme des poètes

Chanter

Clerc : Utile

Vie d’artiste

Charlebois : Ordinaire

Religions

Allain Leprest : Je ne te salue pas

Métissage

Ferrer : Rue Madureira

Féminisme

Luciani : Grenade

Relève

Clara Ysé : Douce

« Le souvenir brûlant de la révolte »

Avec son univers inclassable, qui va du hip-hop à la une chanson plus « classique », Syrano est un artiste de rencontres et de surprises. Avec Scaphandre, son huitième album, fort et d’une grande variété, il prouve que son inspiration reste au beau fixe.

Il faut de tout pour faire un monde, dit la maxime. Avec Syrano, la règle s’applique à la musique tant, avec Scaphandre, son huitième album, cet auteur-compositeur-interprète-réalisateur-écrivain-illustrateur promène sa voix et son inspiration sur une large palette musicale, du rap à la musique arabo-andalouse (Citystades) au folk, voire au mariage improbable d’une cornemuse avec des mélodies balkaniques (Qui se lèvera ?), en passant par des rythmes manouches (Quitter le béton, qui lorgne du côté d’un Sanseverino vitaminé) .

D’emblée, on est saisi par la large inspiration d’un conteur urbain qui rêve d’ailleurs et ne veut pas simplement chanter pour passer le temps qui lui reste à vivre. « Ne me soignez pas ! Je veux garder le souvenir brûlant de la révolte en moi« , lance-t-il dans la belle chanson d’ouverture Membre Fantôme. L’artiste qui « chérit la fièvre de l’indignation » n’a pas formaté son univers pour se glisser au chaud dans les médias. Il chante ce qui lui tient à cœur, ce qui le révolte. Et c’est salutaire. Comme en écho, il répète plus loin, Je n’irai pas me coucher. En refusant de « laisser crever la poésie au bord d’une idée.« 

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HK fera danser l’Olympia

Kaddour Hadadi, alias HK, célèbre quinze ans de carrière, sept albums et des centaines de concert par une grande soirée festive à l’Olympia, le 14 novembre prochain. Sans jamais ne rien lâcher, HK sait marier poésie et musique dans une atmosphère de fête populaire.

« On cultive ensemble une certaine idée, un autre chemin, un espoir« , dit HK pour définir son état d’esprit. L’homme n’est pas un familier des émissions télévisées où ses chansons engagées détonnent un peu dans la mollesse ambiante et le politiquement correct. Qu’importe… Si On lâche rien est devenu un hymne de bien des manifestations, HK sait aussi varier son inspiration, reprendre L’Affiche rouge, le célèbre poème d’Aragon mis en musique par Léo Ferré ou concocter des chansons de fraternité comme Danser encore. Il y lance : « Chaque mesure autoritaire/ Chaque relent sécuritaire/ Voit s’envoler notre confiance/ Ils font preuve de tant d’insistance/ Pour confiner notre conscience. »

Avec un tel artiste et ses amis de route, nul doute que ce concert aux allures de fête populaire sera un grand moment festif. « Je n’ai jamais manqué de rien, surtout pas d’amour, dans cette cité ouvrière, prolétaire, où j’ai vu le jour ; de ces villes qui vous façonnent et vous forgent un caractère en vous faisant jurer de ne jamais lâcher l’affaire ; des saveurs de Portugal, d’Afrique du Nord et d’Italie, Ch’timi citoyen du monde, Roubaix a fait de moi qui je suis….« , dit Kaddour Hadadi, né en 1976 dans cette ville ouvrière du nord de la France, qui a payé son prix social à la crise.

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Gueule d’ange

Premier album de Petite gueule, une chanteuse et rappeuse, Gronde (*) surprend par sa maturité. Baigné de musiques et de beaux arrangements, le disque bénéficie d’une écriture ciselée.

Née Manon Gilbert du côté de Montreuil, Petite Gueule déboule de belle manière sur le devant de la scène avec Gronde, un album né en partie durant le confinement de mars 2020. Elle dit : « J’ai découvert que la musique me permettait d’oser avoir des choses à dire et à écrire. Je me suis lancée dans le Rap et la chanson à texte comme auteure, compositrice, interprète
en donnant naissance à « Petite Gueule ». »
La suite s’est passée vie neuf clips de confinement réalisés au téléphone portable avec Nicolas Guillemot, la rencontre avec son manager, Jean-Marc Sauvagnardes, et une série de concerts, une fois l’épidémie sous contrôle…
Avec Gronde, Petite gueule frappe fort d’emblée et étonne par la maturité de son disque. Il y est beaucoup question de musiques et de chansons. D’emblée dans l’intro, elle salue ceux qui l’ont marquée : « Diam’s, Dooz Kawa, Swift Guad, Paco, Kery/ Lautrec; JP, Gaël, Billie…/ Et j’en passe, j’parle qu’des français/ La liste s’rait trop longue, i’m font tellement kiffer. » Plus loin dans Mélomaniac, elle martèle : « Dans l’ventre le cœur les joues ça AH !/ Y’a pas d’mot pour dire ça/ C’est fou c’que j’aime les mots pourtant/ Mais qu’est-ce que j’aime les notes c’est grand. » Une musique qui peut servir de remède contre le mal du monde. Dans Le jour où j’ai commencé le rap, elle lance : « Même si le monde peut m’abimer/ J’veux croire qu’la musique s’ra plus forte/ J’veux faire du rap d’illusionnée/ Qu’ça marche et que ma joie l’emporte. » En jouant parfois d’un humour inattendu, elle célèbre même un instrument modeste de l’orchestre avec son Concerto pour triangle, avec choristes.

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Des clips musicaux pour soutenir les femmes iraniennes.

Septembre 2022. Mahsa Amini, jeune Iranienne, meurt après son arrestation par la police. Un an ont passé… Portées collectif de musiciens et de techniciens bénévoles, des vidéos ont été tournées pour redonner vie au combat des iraniennes.

À la mort de Mahsa Amini, jeune kurde iranienne, arrêtée par la police des mœurs pour, selon l’expression officielle, « port de vêtements inappropriés », un mouvement s’était répandu et des manifestations avaient eu lieu sur le thème : « Femme, vie, liberté !« .

Pour ne pas laisser la flamme s’éteindre alors que le régime iranien continue de réprimer, un groupe musiciens et techniciens bénévoles ont tourné à la Cité de la musique, avec le réalisateur Augustin Depuis, une série de clips – nom de code « Mèches de feu »- avec deux instrumentistes, la pianiste Shani Diluka, la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton et une mezzo-soprano, d’origine iranienne, Anousha Nazari. Elles accompagnent la lecture de trois poèmes dits par Julie Gayet.

Ce projet est né de la collaboration avec l’Association Gondishapour qui milite en faveur de la scène culturelle iranienne en France, notamment dans le monde de la musique. Présentés en avant-première le 7 septembre 2023 à 19h à l’UGC Ciné Cité Paris 19e, ces clips seront disponibles à partir du 16 septembre sur les plateformes et réseaux sociaux.

Le blues-rock du guitariste du rugby

L’actualité de la Coupe du Monde de rugby a poussé le maori et guitariste Grant Haua à sortir un album de circonstance, Mana Blues (*). Sur la pochette, il joue même avec les codes du fameux Haka, qui est la marque de fabrique des All Blacks avant chaque match.

L’atmosphère de Mana Blues est vraiment électrique : Grant Haua, ce maori originaire de Tauranga en Nouvelle-Zélande sort le grand jeu pour servir, de sa voix puissante, un sacré cocktail rock et électrique. Dès le titre d’ouverture du disque, il s’offre même la présence des Inspector Cluzot sur Pukehinahina, nourri d’une vraie rage, qui évoque la guerre, tout comme le titre Embers, inspiré par la visite au Mémorial de Caen en mars 2022 et le souvenir de ceux qui sont tombés pour le Débarquement. La suite de l’album est un déroulé de chansons d’une grande efficacité. En guise d’explication de textes, l’artiste dit : « Ceux qui sont familiers de ma musique remarqueront que cet album est bien différent de mes précédentes productions que j’avais composés principalement à la guitare acoustique, confie l’artiste. Étant de la génération X, toutes ces chansons sont fortement influencées par cette période que je considère et de loin, comme la meilleure dans l’histoire du rock. Mon ADN musical est définitivement construit autour de cette période ».

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La voie Lhomé !

Chantre de la poésie urbaine, le slameur et rappeur Lhomé montre la belle maturité de son inspiration dans son troisième disque, Miracle(s) (*), en 13 ans de carrière.

Père libanais et mère togolaise,Lhomé – comme la capitale du Togo, mais avec un H après le L – signe en quinze titres un disque où les mots résonnent, comme les colères, ce qui n’exclue pas quelques pauses de tendresse. Entre romantisme et chanson engagée.

L’homme a d’abord forgé son style et les mots avec son premier groupe de rap, Slave Farm. Le point de départ d’un tour de France scénique et de pas mal de dates à l’étranger (d’Inde en Colombie, via l’Ukraine). Sans oublier des collaborations avec d’autres artistes, tels que La Phaze ou Féfé. C’est en 2011 qu’il a démarré sa carrière en solo. Son leitmotiv : « Être avant d’avoir. » Une autre collaboration de marque en 2018 quand Akhenaton travaille avec lui sur son second album.

Avec Miracle(s), c’est un auteur tout beau, tout neuf qui débarque, fort de ces années de bourlingue musicale. « J’ai tout donné à la musique, je m’y suis égaré« , lance t-il au détour d’un poème. Dès Incipit, il abat ses cartes en parlant de « cet album qui dans mon cœur s’annonce comme un miracle.  » Tout en évoquant la joie du vivre ensemble, de l’amour (Plus que toi entre autres), Lhomé sait aussi taper de sa voix sur les ondes, dire ses colères devant bien des injustices et des violences de ce monde, lui qui connaît le poids et le prix d’avoir une couleur de peau différente, lui qui est « descendant d’esclave ». La preuve avec L’Arche où il lance un cri d’alarme :  » Zemmour, Bolsonnaro, y en a tellement. »

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Tranchant Henri Tachan

La disparition de Jacques Birkin, évoquée dans mon autre blog, éclipse tout le reste. Et pourtant, Henri Tachan, disparu le 16 juillet, fut un bel artisan de la chanson. Il mariait humour et révolte.

Henri Tachdjian dit Henri Tachan, né à Moulins le 2 septembre 1939

Henri Tachan, un auteur-compositeur et interprète français.

Henri Tachan, une gueule, une voix, et un artiste souvent ignoré par une grande partie des médias dès le début de sa carrière au mitan des années 60

Henri Tachan, un artiste qui a souvent été critique vis-à-vis de notre société et de certaines de ses dérives. Pour ce faire, il pouvait user d’un humour corrosif à la « Charlie Hebdo ». Cabu avait d’ailleurs illustré une Intégrale.

Salut l’artiste ! Pour lui rendre hommage, rien de tel que de l’écouter…

Thank you Léo !

Il y a trente ans, Léo Ferré partait fumer d’autres choses que des Celtiques un 14 juillet dans cette campagne Toscane, entre Florence et Sienne, où il avait passé les vingt dernières années de sa vie. Léo dont les révoltes poétiques et la poétique de la révolte ont irrigué la chanson française.

Quand il ne partait pas vers d’autres rivages portés par ses mots ou ceux des poètes, ceux de Baudelaire, de Villon, de Rimbaud, de Verlaine ou encore d’Apollinaire, Léo Ferré savait poussait des coups de gueules contre les dérives de notre société et les « politiques chiottes« . Alors, autant revenir à la source et partager quelques mots de Ferré sur les maux de notre société en ces jours de commémoration médiatique. Ainsi avec le long texte de la fin des années 70, La Violence et l’ennui qui était, à bien des égards prémonitoires.

Les mots de Ferré, malgré le temps qui passe, continue de parler à une génération qui ne l’a pas connu. Ainsi des étudiants du Bachelor Photographe et vidéaste de l’École des Gobelins à Paris ont revisité La Solitude, autre texte central de l’univers de Ferré. Voilà leur clip évoquant le besoin de solitude et d’isolement qui était cher à Ferré et qu’on aime partager.

Avec le temps, la poésie et la révolte ont toujours droit de cité. Cela doit-il être, cela est ! Dernier clin d’œil en ces temps où la religion redevient envahissante avec Thank You Satan.

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