Chanson française

Rien que la pochette – avec cette langue offerte à un calmant – détonne. Avec J’ai Horreur de l’Amour (*), Bertrand Betsch signe un disque étonnant où la fragilité le dispute à une forme de cynisme.
J’ai Horreur de l’Amour est un opus qui fleure bon la mélancolie en 9 titres. Avec l’irruption d’un violon nostalgique tenue par Salomé Perlé, Bertrand Betsch signe des chansons au spleen assumé. Comme si son partenariat avec le laboratoire Mylan qui l’a pris à son service en tant que publiciste avait contaminé l’inspiration d’un artiste, auteur d’un slogan efficace pour un antidépresseur, « Effexor c’est fort- Effexor j’adore- Avec Effexor ne ne crains plus ni la vie ni la mort.«
D’emblée, Bertrand Betsch lâche ses coups dans Tant tard où il martèle : « La vie est un poème/ Qui ne dit jamais je t’aime. » Au gré des titres, il peut passer de la tentation d’en finir (Fontaine) : « Est-ce que la vie te fait peur/ Est-ce que tu cherches l’interrupteur » à une chanson ironique , L’aorte, où il envoie quelques vers bien sentis sur la tendresse cachée de la gent masculine : « Tout autant arrogant/ Que taiseux besogneux/ Un garçon c’est pas brillant/ C’est vraiment pas sérieux. » Avant de conclure dans En dessous, cet autoportrait peu flatteur : « Je suis né fatigué/ Je suis né épuisé/ Je suis né troué/ Je suis né brisé. »