Guitare douze cordes en main, Bjørn Berge est intouchable. Ce grand bluesman européen a sorti un nouvel album absolument magnifique où son jeu fait merveille : Heavy Gauge (*).

Heavy Gauge est le nouveau disque de Bjørn Berge après six ans d’absence. Flanqué de son groupe ou seul avec sa guitare, il signe neuf chansons originales, composées par lui et Ellis del Sol. L’album est ouvert et solide, passant du blues à la ballades.
Né à en 1968 à Haugesund en Norvège, Bjørn Berge s’est créé une technique particulière héritée du banjo et de ses premiers pas dans le bluegrass. Son savoir-faire unit le picking et la slide avec une agilité impressionnante quant il promène sa main sur tout le manche de sa gratte.
Dès la première écoute, Heavy Gauge ne nous renvoie pas au grand Nord mais plutôt du côté des boucles du Mississipi aux côtés d’un Robert Johnson et d’un Elmore James. Le guitariste y ajoute sa griffe, sa manière de lancer un morceau pour le stopper au détour d’une mesure. Dans le morceau d’ouverture, The Wrangler Man, il use avec brio de breaks, aussi inattendus que nécessaires. Il sait aussi échapper au cadre du blues pour prendre des chemins de traverse ainsi dans Coliseum où il glisse vers des percussions reggae qui soulignent son chant.
Si Bjørn Berge n’a besoin de personne pour chanter de sa voix profonde ses chansons, en faisant tout un orchestre avec sa guitare, il a su aussi bien s’entourer pour quelques titres de fidèles compagnons de route : Kjetill Ulland à la basse et Kim Christer Hylland à la batterie.
En seulement 33 minutes, Bjørn Berge sait exprimer aussi bien une force intérieure qu’une certaines vulnérabilité comme dans Bound To Ramble. A noter pour finir ce voyage entre blues et rock, la petite valse de Bottle Floats qui termine cet hommage vibrant à la guitare : en anglais « heavy gauge » désigne, en effet, le tirant fort des cordes.
In fine, ce disque ne peut que fasciner tout aficionado de la guitare.
(*) My Music Enterprise/ Distribution Outhere