Sans Voies : « Nous continuons à rêver du grand soir… »

Rock

Le premier album de Sans Voies, Le Bonheur des tempêtes (*), surprend par la maturité de ses arrangements portés par un saxophone solide et des textes ciselés. L’occasion de faire le point avec un des trois créateurs du collectif et auteur des chansons, Baptiste Souque.

Trois ans après la sortie son premier EP, Le Courage d’exister, et bien des concerts à son actif, Sans Voies a trouvé la sienne et propose avec Le Bonheur des tempêtes un disque aux arrangements solides et inventifs au service de chansons qui ne manquent pas de convictions. Rencontre avec Baptiste Souque, chanteur et auteur des textes.

Du trio des origines, le groupe s’est aujourd’hui étoffé. Qu’apportent ces nouvelles recrues ? Et est-ce que cela a changé l’état d’esprit du début ?

Baptiste Souque : Le groupe s’est monté autour d’un trio : Greg le guitariste, Théo le saxophoniste et Baptiste le chanteur. Ce n’était en réalité que les prémices du groupe, un concert « test » a eu lieu, mais, très rapidement, une basse et une batterie sont arrivées. Le cheminement a commencé à se faire à ce moment-là, où le groupe, même à cinq, avait une teinte beaucoup plus « chanson ». Le tournant rock s’est fait progressivement au fil des années, des concerts et des envies. Cependant l’idée du début est toujours présente et n’a pas changée, les textes toujours bien mis en avant. La finalité est la même : faire passer des messages, mettre quelques mots dans la tête des gens. L’enrobage est simplement différent, avec l’envie de plus d’énergie, tout en s’aménageant des moments beaucoup plus calmes.

L’album c’est d’abord la pochette signée Théo Schulthess. N’est-ce pas paradoxal avec des chansons parfois sombres d’offrir un dessin d’un enfant qui joue au cœur de la tempête ? Et en même temps, n’est-ce pas l’illustration de l’oxymore contenu dans le  titre du disque ?

B. S. : Pour la pochette, nous avons laissé carte blanche à Théo Schulthess, en lui donnant les chansons, les textes. C’est lui qui a très rapidement imaginé ce contraste du petit gamin qui s’amuse au-dessus de la tristesse du monde. Et ensuite on a en discuté mais cela correspondait parfaitement à l’idée de nos chansons. Un désespoir parfois présent en regardant autour de nous, et en même temps l’envie de faire la fête malgré tout, d’aller contre le vent et de faire un doigt d’honneur à ce pessimisme en disant « qu’importe la laideur, on s’amusera quand même ». Comme Théo Schu est directement parti là-dessus, on s’est dit que ça devait se ressentir, en plus du titre de l’album, donc au final cette pochette collait à merveille avec les deux facettes du groupe. Le réalisme face à l’innocence !

Musicalement, comment définiriez-vous les influences du groupe ? Et comment définiriez-vous votre son ?

B. S. : Les influences sont vraiment très nombreuses et diverses entre chaque membre du groupe : c’est très compliqué à définir parce que ça recouvre une immense partie du spectre musical. Après chacun met ses esthétiques au service du groupe, et parfois de côté aussi. Pour ma part, j’ai été beaucoup influencé par la chanson (Ferré, Leprest, Brel, Anne Sylvestre…), et le rock en français (Thiéfaine, Mano Solo, Barrio Populo, les Têtes Raides …), alors ça se ressent un peu dans nos textes et la musique cultive cette « chanson-rock » dont on se revendique. C’est ce terme qui nous correspond le plus, car on ne peut pas dire qu’on fasse du rock à la Noir Désir, ni de la chanson comme Barbara. Notre réalité se situe quelque part entre tout ça. C’est parfois un beau bazar pour trouver une cohérence entre tous les morceaux, on a mis des années avant d’y arriver.

Le saxophone est au cœur de votre univers. À quel moment le musicien intervient-il dans la composition d’un titre ? Et comment définir la spécificité de cet apport ?

B. S. : C’est vrai que le saxo fait vraiment partie intégrante du groupe, on ne peut pas imaginer Sans Voies sans lui. Ce n’est pas une cerise sur un gâteau, c’est une belle part du gâteau. Et puis ça nous plait bien, il n’a pas de rôle spécifique, il peut tout autant avoir des solos ou des riffs que des nappes ou des parties rythmiques, il apporte une vraie diversité musicale et pas simplement une caution « festive ».   Pour la composition des morceaux, c’est souvent une idée d’un des membres du groupe, qui est ensuite travaillé tous ensemble. Comme Théo au saxo est un peu touche-à-tout, fait aussi du clavier, c’est lui qui peut arriver avec une base mélodique, qu’on va faire évoluer ensemble et où il greffera ses parties de saxophone. Mais il n’y a pas un compositeur « attitré » et des arrangeurs, on fait tous tout.

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