Amoureux de littérature et de musiques populaires brésiliennes, Andréel est de retour avec Tu m’apprends(*), un disque en apesanteur, riche de plusieurs duos.
Ouvrir un disque par la chanson-titre inspirée par la lecture des Nourritures terrestres, de André Gide n’est pas le geste le plus évident, ni le plus commercial. Qu’importe ! Andréel a choisi de le faire pour une simple raison : « J’ai ressenti le besoin de m’inspirer de textes qui me parlaient afin de me surprendre moi-même. »
Le reste du disque est à l’image de cette mise en bouche sonore où la voix chaude et bien timbrée de Andréel se promène sur les onze titres quand la samba vient le disputer à la bossa-nova pour des atmosphères détendues et délicatement rythmées. Avec, au détour de l’album, l’hommage à ces Gens qui chantent qui inspirent à l’artiste des couplets où la musique est conviée pour guérir de la guerre. Il chante notamment, non sans une certaine naïveté de propos dans cette mélodie-ritournelle : « J’ai rêvé d’une terre où tout le monde dansait/ Il n’y avait plus de guerre, on se foutait la paix/ Les fanfares militaires jouaient des airs si doux/ que les peuples en colère se faisaient des bisous. »
Homme à flammes et homme à femmes, aimant célébrer le charme et les mystères de l’éternel féminin, Andréel ne pouvait faire moins que de convier dans ce voyage chaloupé un certain nombre de dames. L’actrice Isild Le Besco a écrit le texte de Mon manque, joliment interprétée en duo avec une autre comédienne Judith Chemla, dont on ne pouvait deviner un si joli brin de voix, taillée pour la bossa nova. Isild Le Besco a aussi récidivé pour faire naître les mots de Pourquoi je te veux. Et il faut aussi compter avec la présence de Amandine Bourgeois (Je m’oublie), de Natacha Régnier (Une femme épanouie) et Lucile Chriqui sur Boulevard Magenta, une chanson à l’atmosphère de petit court-métrage. »Qu’il est bon le boulevard Magenta/ quand un escalier nous ouvre les bras. »
Bien accompagné par Sebastien Lovato aux claviers, Nicoles Parent aux guitares et une belle brochette de musiciens, notamment Elaine Beaumont derrière sa contrebasse, Andréel nous embarque dans un univers sonore non dénué de sensualité dont on peut juste déplorer qu’il manque parfois d’un peu de nervosité. Il conclut ce voyage sur la carte du Tendre par une profession de foi : Je suis jaloux. Il chante : « Si je me fais ivrogne, c’est pour que tu te baisses, / pour recueillir un sot, qui se sentant battu/ a choisi la chanson pour te conter caresse/ mais qui seul devant toi encore s’est tu. »
Le nouvel album de Andréel est in fine empreint d’une certaine saudade sans que jamais cette mélancolie distinguée ne pèse lourdement sur le propos.
(*) Station Anvers/ Believe Music
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