Les voyages de Dan Gharibian

Si l’aventure Bratsch a pris fin en décembre 2015, Dan Gharibian n’a pas rangé sa guitare au saloir. Avec sa voix de bluesman européen, il a poursuivi sa route en trio. Da Svidaniya Madame est leur nouvel opus qui fait voyager loin. Et, une fois encore, marie plusieurs univers en se moquant des frontières.
Une gueule, une voix : quel chanteur et quel guitariste !

Fidèle à ses racines – du klezmer au rebetiko en passant par les rythmes slaves, manouches et arméniens- Dan Gharibian évolue désormais en trio avec Antoine Girard à l’accordéon et Benoît Convert à la guitare (Les Doigts de L’Homme, Selmer 607…).

Ensemble, ils ont concocté des arrangements de haute lice qui porte la voix rauque, de bluesman de Dan Gharibian qu’il semble avoir ciselée dans tous les bars du monde entier. Ce trio pratique une musique sans frontières comme en atteste Egnatias 406, une chanson rebetiko, interprétée en Grec et en Arménien.

Ensuite, Dan et sa bande continuent la route de belle manière et nous promènent de l’univers Klesmer (Boubasko Prasniko) aux rythmes manouches (Tavès Bartalo) en passant par les mélodies arméniennes (Gulo avec ce final en valse endiablée)… Si Antoine Girard et Benoît Convert apportent tour à tour des couleurs jazz, andalouses… Dan Gharibian nous convoque aussi avec Siya Lé du côté de l’Afrique et du Burkina Faso (la chanson est écrite en Dioula) où il lance de sa voix rocailleuse : « En cette nuit étoilée, mon soleil/ Je m’en vais doucement veiller sur le soir/ J’ai besoin de ton feu, mon compagnon/ J’ai besoin de tes flammes. »

Au détour du disque, chacun signe un solo des familles : Benoît Convert sur Au bord du Lac Sevan; Antoine Girard sur Ishrane et le trio en grande forme sur l’enlevé Zashoto. Enfin, il y a des reprises des plus sensibles : Rimes, une chanson de Claude Nougaro à laquelle Dan Gharibian redonne une nouvelle vie et Parce que, de Charles Aznavour qui y mariait l’amour et la mort de belle manière : « Car la mort n’est qu’un jeu comparé à l’amour/ Et la vie n’est plus rien sans l’amour qu’elle nous donne. »

Avec Da Svidaniya Madame, Dan Gharibian et ses jeunes comparses signent un disque chatoyant et inspiré. On ne peut que larguer les amarres et les suivre sur ces routes métisses. Sur la pochette qui offre bien des pistes d’écoute en prime, Dan Gharibian conclue par cette invite : « La musique lance ses notes/ Parfois plaintives, parfois explosives. / Vagabonds des temps modernes./ Troubadours d’aujourd’hui./ Et comme disait Monsieur Baudelaire : Enivrez-vous. »

(*)Lamastrock/ L’autre Distribution

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