Doué pour le collectif mais aimant aussi le voyage en solitaire, François Puyalto signe avec 44 un disque mêlant ses titres personnels à certaines chansons d’artistes de renom. Les arrangements minimalistes sont d’une belle élégance.
François Puyalto a assuré bien des moments musicaux au côté de Travis Bürki, de Bertrand Belin aussi, a participé à Horse Raddish, la formation d’élerctriklezmer ou a encore posé sa basse aux cotés d’Emily Loizeau dont il fut aussi co-arrangeur. C’est elle d’ailleurs qui l’a poussé à sauter le pas. François Puyalto s’est jeté en 2015 avec l’EP, La Vérité – qui lui valut une place de finaliste au prix Moustaki – avant de signer, il y a deux ans, Le Monde des animaux, à juste titre remarqué.
Dans 44, François Puyalto revient sur le devant de la scène avec un mélange de chansons revisitées et de chansons originales, une expérience déjà expérimentée sur scène lors de son précédent spectacle, Chansons des uns et des autres. Avec sa fidèle compagne, cette basse qu’il taquine sur tous les modes, l’artiste a enregistré en solitaire en misant sur une épure qui lui sied bien.
Pour ses propres morceaux, François Puyalot joue d’une élégance certaine et met les mots dans un ordre personnel avant de les mettre en ondes de sa voix grave et posée. Avec lui, l’inspiration ne se départit jamais d’une distance avec son sujet, que ce soit en défendant les combats féministes dans Faiseuses d’ange, une ode à toutes les femmes différentes qui peuvent faire peur aux mâles dominants, ou en parlant des gosses qui deviennent grands trop vite à son goût (Petite). Le thème de la migration et de la quête d’amour lui inspira le belle chanson d’ouverture, La Ville. « Qu’est-ce que tu vas faire dans cette ville ?/ Y poser tes paquets, un temps, longtemps… »
Et quand il laisse son esprit errer sur les paysages bretons, c’est pour jouer sur les images de l’enfance avec Aller jouer dehors où , par un retournement astucieux, il chante : « On a tous les deux quarante ans/ Il serait peut-être temps de faire un enfant… »
Ensuite, lorsqu’il aborde des rivages connus, c’est pour y mettre sa griffe sans forcer le trait. Il se tire avec les honneurs, optant pour une ligne de basse discrète, de « LA » chanson qui a structuré tout l’univers de Léo Ferré (d’un long poème, il tira sept titres) : La Mémoire et la Mer. Quand il opte pour Jacques Brel, c’est pour rendre hommage à une de ses chansons fortes mais qui n’est pas des plus reprises : la magnifique L’Éclusier. François Puyalot sait aussi rendre hommage à des grands noms moins médiatiques comme Allain Leprest, trop tôt disparu, et dont il interprète Arrose les fleurs, un titre à fleur de mots. Et sa reprise de Sa dernière cigarette est un bel hommage à Jacques Higelin, un artiste capable aussi bien de partir en délire que de jouer sur des accords minimaux. L’exercice se termine par le Dis quand reviendras-tu ? , de Barbara. D’elle, il dit : « Barbara m’émeut, me désarme avec cette voix si particulière et cette écriture d’une finesse dingue, et puis elle incarne à merveille cette image de l’amoureuse absolue, pas dupe et exigeante. »
Dans un écrin sonore délicat, François Puyalto monte en ligne. Sérieusement mais sans se prendre au sérieux et son habillage nous touche. Il se produira en concert au Théâtre Thénardier de Montreuil les 18 et 25 mars et sera à Paris, au Théâtre Lepic, le 9 juin. Nul doute qu’il ne prépare quelques surprises scéniques dont il a le goût.
(*)Le Furieux/ Diffé-rant
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