Le premier album de Dalva, Printemps brûlant, voit l’émergence d’un groupe déjà très mature. Sur des textes poétiques mais qui ne se livrent pas dès la première écoute, les mélodies sont ciselées.
Dalva s’est formé autour de Johann Tess, violoniste et guitariste et le groupe avait déjà sorti un premier EP, Mercenaire, en 2013. Trois ans plus tard, le groupe propose avec Printemps brûlant (*), un premier disque assez abouti où les arrangements portent des textes qui évoquent de manière indirecte de nombreux thèmes. Pour apprécier un tel groupe, il faut goûter les chemins de traverse et les allusions.
Dans le beau Enfance dorée, il est, par exemple, question de ces déracinés des terres d’Afrique avec des formules du style « Insolite soleil, tu m’adores ». Et que dire de l’évocation d’une société qui vit à l’heure de la multiplicité des écrans quand une minorité de gens joue la spéculation aux quatre coins du monde (Printemps brûlant) ? D’amour, il est aussi question mais plutôt sur le mode de la quête sans retour (Basse Terre). Et quand il s’agit d’évoquer le trépas qui nous guette tous, ce sera dans les fumées d’Opium… Bref, à l’image d’une pochette au look étrange, Dalva cultive un certain penchant pour les territoires insolites. Et pour goûter à leurs paroles, il faut alors savoir écouter Entre les lignes.
Là où l’album fait montre d’une vraie créativité, c’est dans les mélodies. Revendiquant ouvertement les influences d’un Elliot Smith, Jean-Louis Murat ou encore Bashung, Dalva cultive une pop qui joue sur les rythmes et les ruptures avec la marque apportée par Christian Sotomayor, percussionniste/ batteur et ingénieur du son. Preuve en est dès le morceau d’ouverture, De l’Oural à l’Andorre, avec des riffs de guitare solides qui donnent le ton de l’ensemble.Ailleurs les arpèges se font plus délicats (Entre les lignes) et l’introduction ponctuelle de cuivres – la trompette notamment – et de la contrebasse confèrent à l’ensemble un relief certain. Enfin la pop-folk mitonnée par Dalva fait bonne figure dans des titres comme Opium et l’étrange mais saisissant Outrenoir, dont le titre est déjà une belle invitation au voyage intérieur.
Avec ce disque, Dalva trouve sa place sur la scène musicale sans copier ce qui est dans l’air du temps. Un groupe qui a soigné jusqu’au look d’une pochette signée Lantil qui a joué sur des photos de terres volcaniques prises à Lanzarotte et qui servent de fond à l’esquisse d’un portrait jaillissant d’un brasier. Le soin du moindre détail à l’image d’un album à la composition minutieuse.
(*) Disque Rockers Die Younger/ Differ-ant
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