Eddy de Pretto : pourquoi ce choc ?

En un album, Cure, et quelques passages à la télévision, Eddy de Pretto s’est fait une place de premier plan. D’aucuns le comparent à Stromae. Pourtant Eddy est unique.

Sur le petit écran, avec simplement un iPhone relié à un câble, il fait le show. Eddy de Pretto est vraiment un artiste de son temps, capable d’occuper bel et bien la scène en solo. Quand il a présenté son premier EP, Kids, en octobre 2017, il n’avait pas de musicien hormis un batteur pour ses concerts…

Avec Cure, Eddy de Pretto prouve qu’il n’est pas l’artiste d’un soir mais quelqu’un qui a assez de souffle pour durer. Comme Stromae, il a assimilé tous les styles musicaux, de la chanson classique au hip hop pour les mélanger dans son mixeur personnel et se créer ce style qui n’a pas vraiment d’égal. Mais, il est plus facile de faire des comparaisons hâtives – Stromae y avait eu droit avec Jacques Brel – que d’essayer de cerner l’originalité d’une personnalité. Même si leur clip révèle le même sens des images, del’autodérision et d’une certaine communication chez ces deux artistes.

Chez Eddy de Pretto, il y a une inspiration autobiographique très grande. Il est vrai, parvenir à se faire connaître dans la chanson quand on est né en banlieue – le 2 mai 1993, à Créteil -et qu’on est le fils d’un chauffeur de poids-lourd et fan de football et d’une mère, technicienne de laboratoire « passionnée de culture », n’était pas la chose la plus évidente du monde. Et il fallait une volonté certaine pour tenter de suivre une voie artistique.

De cette vie dans une ville de la banlieue du Val-de-Marne, qui lui a inspiré l’excellent texte de Beaulieue, Eddy doit sans doute ce désir de se dépasser, de « sortir du cadre ». Dans une de ses nombreuses interviews, il glisse : « Il y a un peu ce truc de carcan en banlieue, qu’on le veuille ou non : on nous dit qu’on est en marge, qu’on va arriver à rien, qu’on va mal finir. Moi j’avais des rêves plein la tête et une petite voix me disait que j’allais y arriver. « 

Il fallait aussi une vraie personnalité à Eddy de Pretto pour ne pas passer sous silence une homosexualité revendiquée mais pas de façon tonitruante dans Kids ou Normal, dont le clip aborde le thème de l’identité sexuelle et de la trouille de la différence. Il souligne : « Je ne suis pas militant. Je n’ai pas envie d’être un porte-drapeau.  J’ai juste envie de raconter ma vie, ma réalité. » Et sa manière de le dire vaut tous les longs discours convenus et souvent attendus.

Enfant du hip-hop (entre autres) mais aussi du R’n’B  et d’un Jean Guidoni, pour l’âpreté des textes, la franchise parfois violente de ce qui est dit, Eddy de Pretto sait aussi ce qu’il doit à une Barbara, un Ferré ou un Nougaro qu’écoutait sa mère à la maison. Même si, jeune adulte, il écoutait plutôt « les raps de Diam’s ou Booba ». 

Avec son physique de gringalet blond – sur lequel il joue dans le clip de Kid, où il s’affiche, ironique, dans une salle de musculation –Eddy de Pretto se joue ainsi, de manière toute personnelle, des codes en vogue et de la virilité tapageuse de la majorité des rappeurs.

Et le voilà en route sur les scènes de France et de Navarre pour prouver, s’il en était encore besoin de s’en convaincre, sa singularité. Il sera notamment le 22 juin à l’Hippodrome de Longchamp, aux Eurockéennes le 8 juillet, et le 14 aux Francofolies de la Rochelle. Sur scène pour passer la fête nationale, c’est tout un symbole pour un artiste qui fit ses premiers pas médiatiques dans la pub : il campa ainsi le rôle du jeune Jules César pour CanalSat en septembre 2010. De l’eau a coulé sous les ponts : le Kid est devenu grand.

(*)Disque Universal

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